Françoise BONFORT  , femme de Pierre BORD , est la fille d'Anthoine BONFORT et Catherine CONRAZIER ,et la sœur de Jean Bonfort dit Gouiran ( sosa 258 dans l'arbre ). (ces BORD sont les ancêtres directs patronymiques de Philippe Bord , Jean Bord et Amy Bord) . Elle a été dite  "prophètesse "et  elle sera condamnée à être fouettée sur la place publique  "jusqu'à  effusion de sang " et à être marquée de la fleur de lys sur l'épaule , pour crime d'assemblées illicites par jugement du 1er juin 1702 avec  Marguerite GIRANNE et Suzanne GOURDONNE. Nous n'avons pas pour l'instant la preuve que Françoise ait subi sa peine , et curieusement , Pierre BORD fut condamné avec Jean JOZAN  , Jean GASQUET et Jacques BRUGUIER à payer une amende et au bannissement pour 5 ans de la province du Languedoc . , alors que d'autres furent envoyés aux galères . Pierre BORD n'a pas du aller bien loin  ! En effet ,  Françoise accouche à plusieurs reprises  de Suzanne BORD  née en mai  1703 et décédée en mai 1705 , d'Alexandre et Jean BORD jumeaux nés et décédés en mars 1705 ..

Un Pierre BORD  est décédé à Vauvert le 14 mars 1705 , âgé d'environ 40 ans, et un enfant est né ensuite : Pierre déclaré Pierre BONFORT fils de Françon FORT et de père inconnu , le 7 août 1706 .Françoise se fait appeler dorénavant FORT et non plus BONFORT . Elle passe un contrat de mariage chez le notaire  François Tempie , avec Jean CARRON  de Marsillargues le 3 décembre 1705 , où elle est dite veuve de Pierre BORD , et où le père doit faire trois actes de repentir . Mais elle ne se mariera à l'église Notre Dame de Vauvert que le 12 octobre 1711.

 Le 28 may 1702, prisonnière après l'assemblée de Combemigère, est interrogée:

- a dit" qu'elle s'appelle Françoise Bonfort dite la Matinière , femme de Pierre Bord berger du lieu de Vauvert, âgée de trente ans , ancienne Catholique..

a dit qu'elle fut arrêtée la nuit du lundy au mardy vingtdeux de ce mois à l'assemblée qui se fit à Combemigere.

Interrogée qui l'avait avertie qu'il y avait la dite assemblée :

- a répondu que le dit jour estan alée atendre un de ses enfants qui gardait quelques brebis , elle trouva hors du village la nommée Magdeleine Méjanel, femme de Jean Prioret, et Suzanne Melet , femme de Mathieu Benesech, qu'elle leur demanda où est-ce qu'elles alaient, qu'elles lui repondirent qu'elles alaient là où les autres alaient, que s'estant ensuite mieux explique, elles lui dirent qu'elles alaient à une assemblée , que peut-être elle devait alé avec elles, qu'elles lui répondirent que si elle pouvait venir qu'elle vienne, qu'elle se determina à les suivre et les suivit en effet, et s'en allèrent toutes trois ensemble à l'assemblée , ou elles trouvèrent quantité de gens assembles et le predicant qui avait commence de presche , qu'elle n'entendait pas ce qu'il disait à cause qu'elle estait fort effrayée que le dit predicant estoit un grand et gros homme , cheveux roussiaux , portant un justaucorps de Cadis gris(..), qu'on chanta des psaumes, le predicant tenant un livre à la main, que quelque temps après les troupes viendront luy tirer dessus.

Interrogée si elle avait vu auprés du ministre un homme du lieu de Valon diocese de Viviers apele Jean Laurier qui fit la quette et qui est le valet du predicant :

- a dit qu'elle ne le vit point et qu'elle ne l'a vu que quand il a este arrete.

Interrogée si les dites Mejanel et Melet ne lui dirent d'où est ce qu'elles avaient su qu'il y aurait une assemblée :

- a dit que Non , qu'elle ne le leur demanda pas.

Interrogée si elle est ancienne Catholique :

- a dit qu'Oui.

Interrogée depuis quand elle a changé de religion :

- a répondu qu'elle n'a pas changé de religion et qu'elle est toujours bonne Catholique et qu'elle n'a ete à l'assemblée que par curiosité.

Interrogée si elle n'a ete autre fois arretée pour faits de religion :

- a dit qu'Oui.

Interrogée si elle ne faisait la Fanatique et qui lui avait enseigné les faits(?):

- a répondu que le nommé Bontbounoux vint un jour dans sa maison et tomba fanatique en sa présence , faisant des grimaces et disant quelques paroles dont elle ne se souvient pas , que quand il fut revenu , il lui dit que si elle voulait faire comme luy , il falait qu'elle demeurat huit jours sans manger , qu'elle demeura quelques jours sans manger et qu'après elle tomba et fit la Fanatique comme avait fait le dit Bonbounoux , qu'elle croit qu'il l'avait ensorcelé , qu'elle fut ensuite arretée et conduite dans l'hopital général , que depuis cet accident ne lui plus reprise .

Interrogée si elle ne faisait point d'assemblée chez elle pour la voir tombe Fanatique :

- a dit que Non , mais que ceux qui estaient presents la voyaient tomber.

Exhortée de dire la Verité a dit l'avoir ditte ...
 

 Mr de St Cosme écrira ensuite  : " n' ayant pas pu savoir qui estait le predicant , je crois que par les interrogatoires des prévenus , et surtout de la nommée Matinière une des coupables , on pourrait le découvrir, le nommé Jacques Teissier un d'yceux par sa réponse depeint le prédicant et l'aduestisseur (?) etc..."

 
Relevé et photocopié aux archives de l'Hérault série C .

  Déposition de Joseph DEBORDES fils de P... DEBORDE du lieu de Cabrières diocese de Nismes, soldat dans la compagnie du sieur de Guilheminet  âgé de vingt deux ans ,témoin assigné à la requête du procureur du Roy contre divers particuliers qui ont été arretés dans l'assemblée de Combe migère ...etc  déclare :

       "  Faisant patrouilhe dans le lieu de Vauvert sur les onze heures de nuit , que passant devant la maison du nommé Cadet BORT , ils entendirent parler dans la maison , qu'ils s'arretèrent pour ouïr ce qu'on disait , que lui qui depose se mit prés de la porte . Et entendant qu'un homme disait qu'il estait temps de partir pour aller à l'assemblée qui devait se tenir à un endroit qu'il nommément (?) ne se souvenant pas du non , qu'il y avait un june homme qui pleurait et disait fort bien des pseausmes , que le fils du dit BORD disait qu'il voulait y aler , son père ne le voulant pas , que le fils disait que quand il lui devait arriver un malheur il y voulait aler , qu'il estait desja l'heure , que la patrouilhe se retirait et qu'il ne falait pas apréhender la bourgeoisie à la campagne (?) , que dans ce temps là il vint un homme qui entra dans la dite  maison , qu'ils advertirent (?) ensuite de tout ce dessus le lieutenant de la Compagnie lequel estant conû ayant fait ouvrir la dite maison , ils arretèrent le cadet BORD, son fils , sa femme et trois autres hommes desquels il ne sait pas le nom , mais qu'il les cognaitra , qu'il les conduisirent dans le corps de garde, dequoy le sieur de Guilheminet ayant eu connaisance , il fit assembler la Compagnie , la divisa en deux troupes et les envoya par deux chemins vers l'endroit duquel les dits hommes avaient parle , qu'après avoir marché d'une lieue ils entendirent une voix qui disait " Ha, Ha" , que s'estant approché davantage ils entendirent distinctement la voix du prédicant qui parlait d'Abraam , qu'enfin estant approché  tout pres de l'assemblée , il vit qu'il y avait environ quatre ou cinq cent personnes , et qu'il en arrivait encore de tous cottes , que le predicant disait -  voiez nosfreres qui arrivent -  mais puis aprés les ayant recognu a la clarté de trois ou quatre chandelles qu'il y avait , il se mit à crier - voiez nos ennemis -  qu'alors le lieutenant (?) qui restait pas a plus de dix pas de lui , lui tira un coup de fusil et le manqua , que les soldats tirerent sur la troupe et en blessant quelques uns , qu'ils en arretèrent un asez grand nombre en les entourant , que le predicant et tout le reste de l'assemblée prit la fuite , que quand il fut un peu loing il cria - enfants d'Abraam , suivez moi , ayez bon courage - , qu'ils gardèrent les prisonniers toute la nuit , Et le lendemain matin ils les conduisirent au château de Vauvert , qu'il ne sait pas leur nom , mais qu'il les recognaitra s'ils lui sont présentés , qu'ils trouvèrent sur le lieu de l'assemblée des livres de pseaummes , des manuscrits de prières et autres choses en plus etc ..."